Cette semaine, une amie très chère à mon cœur est morte et nous l’avons veillée comme aux temps anciens où l’on veillait ceux qui traversent l’ultime passage. Un cercle de parents tout près d’elles qui l’accompagnaient et un cercle plus large autour des intimes. Ainsi, tous veillaient les uns sur les autres et sur elles, avec elles. Or, depuis que mon amie est partie, tout ce qu’elle est, tous ce que nous avons été et ce que nous sommes m’habitent. Je suis elle, elle est moi, nous sommes unies. La mort, c’est plein de vie, d’abandon, de tristesse, de joie, d’amour et je ne cherche pas à comprendre. C’est d’ailleurs l’un des plus grands cadeaux que cette femme d’exception m’a offert, ne pas
chercher à comprendre le mystère de vivre et de mourir, juste demeurer là à le contempler, à l’habiter. Chaque fois que j’accueille le mystère inhérent à toute vie, que je le chéris, l’amour vient immanquablement me visiter et me prendre dans ses bras. C’est simple, si simple!

Pourtant, chaque fois que je cherche des mots pour traduire ces expériences, ils sont souvent trop petits, ce qui ne veut pas dire que l’expérience n’est pas immense. Quiconque a accueilli dans ses bras un enfant naissant ou accompagner quelqu’un à son dernier souffle, sait de quoi je parle, le flot d’amour qui circule à cet instant précis, le sacré du moment nous laisse sans mots.

Alors, voilà j’offre cette chronique à Christiane Singer, à mon amie Amala si présente dans l’invisible, à ma très chère Paule, à tous ceux qui l’ont veillés dans les dernières semaines et qui ont soufflés sur mon cœur et le vôtre… Tout mon amour!

 

Manon Rousseau / Novembre 2017